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Chronics and Co
14 mars 2006

Fugu, interview (album "As Found" dans les bacs)

fugu

9h30. Un matin froid de ce mois de février. Un bar en face du Centre Pompidou. Je rencontre Fugu, la veille se son départ pour le Japon où il va donner une série de showcases pour des radios. Une poignée de mois après la sortie de son dernier album, Mehdi (alias Fugu) parle de son nouvel opus As Found, de ses influences, de Paul Mc Cartney et de Brian Wilson. Bref, une bonne discussion pop s'engage.

Tu as sorti ton second album à la fin de l'année dernière, pourquoi presque 4 ans de silence entre le premier et celui-ci ?

J'ai eu besoin de ce lapse de temps, j'avais déjà des idées pour cet album mais entre temps, j'ai quitté mon premier label et il fallait repartir sur de nouvelles bases. Niveau écriture, c'est vrai que les morceaux existaient depuis un certain temps.

Ce temps de gestation t'a permis de tout reposer à plat.

Oui, pendant ce temps, j'ai avancé seul avec de nouvelles maquettes en essayant de trouver quelque chose de nouveau par rapport au premier disque. Ensuite j'ai envoyé mes maquettes à Tahiti 80 qui m'ont proposé d'enregistrer l'album dans leur studio.

Tout ça part de maquettes que tu enregistres chez toi ?

En fait, je voulais vraiment faire un truc seul. Je voulais enregistrer tous les instruments. L'idée principale était d'avoir une musique de groupe enregistrée seul comme Todd Rundgren a pu le faire avec `Something Anything´. Au bout d'un moment, je me suis retrouvé un peu coincé et c'est à ce moment que j'ai envoyé mon travail à Tahiti 80.

Justement, quelle a été la collaboration avec Tahiti 80 sur ce nouvel album ?

Tahiti 80 a co-produit l'album. On a retravaillé les structures, Xavier (n.d.l.r. Xavier Boyer, chanteur et compositeur de Tahiti 80) m'a fait écrire de nouveaux refrains, de nouveaux ponts.

En fait, ce n'est pas ta première collaboration puisque tu avais déjà eu des liens avec le groupe anglais Stereolab.

Simon Johns (bassiste de Stereolab) m'avait proposé de jouer de la basse sur mon prochain album, à l'époque où on tournait avec Stereolab aux Etats-Unis (tournée relative au premier album). J'ai rebondi sur l'occasion et c'est donc lui qui fait la plupart des parties de basse sur As Found.

La première chose qui marque à l'écoute de ton disque, c'est ton attachement à la mélodie dans tes compositions. Comme on a déjà pu te le dire, il y a quelque chose de fort qui te lie avec des artistes comme Brian Wilson ou Paul McCartney. Qu'est ce qu'ils t'ont apporté en tant que songwriter ?

Le rapport avec Brian Wilson sur cet album se verrait plutôt du côté de la production. On est allé fouiller vers les productions des Beach Boys des années 70 quand leurs morceaux avaient quelque chose de moins dense qu'à l'époque de Pet Sounds. En ce qui concerne Mc Cartney, j'ai été influencé par sa période post-Beatles et bien entendu par les harmonies vocales très importantes dans la musique de ces deux artistes.

Pour une fois, ce ne sera par la fameuse question Lennon ou Mc Cartney mais plutôt Wilson ou McCartney ?

Je dirais Mc Cartney car il a une vision plus optimiste des choses.

Quelles sont les chansons qui te bouleversent le plus chez l'un et chez l'autre ?

`I Went To Sleep´ et `Wake The World´ des Beach Boys, composées par Wilson. `Tomorrow´ et `Junk´ de Mc Cartney pendant sa période Wings. Ces morceaux sont des perles et ils ont ouvert de nombreuses portes mais il reste encore beaucoup de très bonnes choses à écrire.

On parle beaucoup des années 60, Beach Boys, Beatles. Est-ce qu'il y a actuellement des artistes ou des groupes récents que tu affectionnes particulièrement ?

J'ai beaucoup aimé Hal (groupe pop irlandais) que j'ai découvert très récemment. Je me rends compte que je n'en écoute pas tellement en fait…

Que penses-tu de la nouvelle scène rock venant de Montréal comme Arcade Fire ?

J'ai bien aimé leur album, ça m'a fait penser aux Pixies et à Pulp. A vrai dire, ce n'est pas la musique vers laquelle je me dirige naturellement même si je peux apprécier les chansons.

Revenons à ta musique, la chanson Here Today ouvre l'album, c'est une chanson ensoleillée, positive, dans une ambiance très californienne. Comment se passe le processus d'écriture de tes chansons ?

Pour `Here Today´ par exemple, l'idée est venue après avoir un film de Jacques Rozier, `Adieu Philippines´. C'était bizarre car après le visionnage, j'ai vraiment eu l'impression de saisir quelque chose, le film n'a absolument rien de californien puisqu'il se déroule en France mais c'est un ressenti. Une fois que l'inspiration vient, je m'efforce d'accoucher du morceau dans le quart d'heure qui suit. C'est quelque chose de très fugace.

Est-ce qu'il t'arrives de fredonner une mélodie dans la rue et retenir l'idée pour en faire une chanson ou écris-tu uniquement lorsque tu face à face avec ton instrument ?

Ca m'est arrivé une fois en sifflotant mais en général j'écris à partir de la guitare ou du piano.

Qu'est ce qui t'as poussé à écrire des chansons ?

C'est venu naturellement. Je me suis rendu compte que de bonnes choses sortaient, des mélodies nouvelles. Je crois que j'ai commencé à écrire vers l'âge de 15 ans, quand je découvrais les Beatles, leurs mélodies. On se rend compte que la mélodie et le rythme sont essentiels.

Straight From The Heart est une chanson qui te définit très bien. La mélodie et les sentiments sont très présents. Est-ce que cette chanson raconte Fugu ?

C'est entre les deux, à la manière d'un écrivain, à la fois autobiographique et fictif. Pour ce morceau, j'ai été chercher du côté de Carol King tout en y ajoutant un récit personnel. `Straight From The Heart´ est une partie d'un ensemble qui exprime une vraie sincérité.

Justement, tu exprimes tes sentiments par l'anglais. Est-ce pour une question de sonorité ?

L'anglais plutôt comme un instrument de musique. Il ne peut y avoir d'interdit à partir du moment où c'est bien utilisé, bien joué. C'est un choix parmi une multitude quand tu fais un album.

Est-ce que tu pourrais coller un ou plusieurs adjectifs sur ton nouvel album ?

On va plutôt parler de mots. Je dirais la découverte de l'interprétation . J'avais un peu délégué ça sur le premier album, je m'étais un peu reposé sur les instruments, l'arrangement. Ce nouvel album est un recul par rapport au premier. Je voulais me reposer sur la savoir faire des producteurs et je me suis concentré sur le chant et les instruments.

Comment jauges-tu l'accueil de ton disque, au niveau des ventes de disque, de la presse ou des concerts ?

L'accueil est bon. Je crois que c'est réussi. J'ai eu de très bonnes chroniques. Ce disque ne touche pas que les amateurs de musique indépendante. Je me suis aperçu que j'avais été cherché du côté de la musique populaire des années 70.

Est-ce que tu attends des opportunités venant de l'étranger pour ta musique ?

On attend encore des réponses des Etats-Unis et de l'Angleterre. Je suis curieux de savoir ce que mon nouvel album va produire dans les pays anglo saxons par rapport au premier. Pour le moment, le Japon est le seul pays où mon disque est commercialisé en dehors de la France. D'ailleurs je pars demain pour Tokyo pour des showcase radio.

As-tu prévu une tournée française pour As Found ?

Oui, on a plusieurs dates prévues en Province mais pas encore de réelle tournée. On est dans l'attente pour quelque chose de plus complet pour d'autres dates en Province.

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